Non cet article ne se veut pas alarmiste, il se veut interrogatif sur le sujet. En effet, en 2015 et 2016, le passage du DIF au CPF avait déjà tué de nombreux organismes de formation, en 2017 et 2018, le passage au Datadock en avait également affaiblit beaucoup et en 2019 et 2020, la certification Qualiopi ajoutée à l’arrivé de « Mon Compte CPF » promet également de grands changements.
Nous avons pris le soin d’établir, dans cet article l’éventualité d’un « scénario catastrophe » pour la formation ».
Le marché de la formation c’est quoi ?
Le marché de formation c’est un marché composé de 90 000 organismes de formation composés de la manière suivante en début 2020 :
30 000 organismes en renouvellement annuel et une déperdition
30 000 organismes de formation qui apparaissent et qui disparaissent chaque année. Appelons les organismes volants.
Ils volent vers l’extérieur du secteur car ils ne sont plus profitables, car ils en ont marre ou car il est temps d’arrêter pour prendre sa retraite. Ils volent vers l’intérieur du secteur car ils rêvent d’un « eldorado », d’un secteur dans lequel l’état finance les achats de leurs services par les clients, d’un secteur où l’on vend sa matière grise et donc où l’on peut imaginer tout vendre.
Sauf que cela est désormais bien moins possible avec la barrière à l’entrée qu’est la certification et ce qu’elle sous tend. Cela est également bien moins possible avec l’arrivée du CPF même si cela dure depuis plus de 2 ans.
Tandis que certains professionnels cherchent à revendre leur organisme de formation, les 30 000 qui disparaissent chaque année seront de moins en moins renouvelés. en raison de toutes les barrières volontairement mises en place. Et ce n’est peut être pas plus mal me direz vous car vous pensez peut être qu’entant qu’organisme vous aurez ainsi plus de clients et car vous savez aussi que bon nombre d’organismes abusent des mauvaises pratiques. En tout cas on peut facilement espérer une diminution de 10 000 organismes de formation par an pendant 3 ans (soit 30 000). vu que Fin 2019 on était déjà passé de 90 000 à 86 000.
Est-il temps de revendre son organisme de formation ?
Des consultants formateurs oubliés ?
Par ailleurs, 25% sont des consultants formateurs. Et bien que ceux-ci représentent 3 % du marché en valeur (Avec un CA moyen de seulement 28 000 euros), ces 22 500 organismes de formation représentent des créatifs qui proposent des formations « bouche trou » face à un marché grossier qui ne jure que par la masse et l’industrialisation des contenus. Ce sont ces 25% qui proposent de « véritables » contenus sur mesure, des formations basées sur des paradigmes nouveaux, des formations conçues à l’envers, des formations réalisées en haute altitudes… En bref, toute la dimension artisanale de la formation.
En d’autres termes ces consultants formateurs, poumon du développement de compétitivité des entreprises, acteurs de ces formations sur mesures pour les entreprises innovantes tournées vers de nouveaux contenus de formation, que vont ils devenir ?
D’une part la lourdeur des processus administratif leur incombe, mais d’autres part ils sont globalement d’un âge suffisamment avancé pour ne pas vouloir se laisser désabuser par de tels changements. Aussi il se pourrait bien qu’ils désertent ce secteur, de fait pour se tourner définitivement vers le conseil ou la retraite.
Ce qui ferait donc un potentiel de 10 000 organismes de formation en moins.
Un marché de formation pour former des dinosaures ?
Avez-vous déjà essayé de trouver un métier après un master en histoire géographie ? Non ? Tout le monde connait l’anecdote de ces diplômes ayant été créés il y a 40 ans et qui n’apportent plus aucun débouché sur le monde du travail.
Des diplômes d’un autre temps ?
Ces diplômes ont d’ailleurs été pointé du doigt par le ministère du travail. Pourtant ils ont osé reproduire le même concept en demandant aux organismes de formation professionnels de créer une certification ou une qualification pour permettre aux demandeurs d’emplois et autres utilisation du CPF de se former.
C’est un petit peu comme si l’on recommençait à vouloir figer l’éducation dans le marbre en reniant le besoin d’évolution permanent et d’adaptation à la semaine des contenus. Franchement, quel formateur en France, avant de délivrer une formation ne prépare pas ses contenus de la semaine ? Et bien ceux qui délivrent une formation certifiante! Pour cause, le contenu est toujours le même!
Bien évidemment la réponse à cette situation est de dire que les sans emplois n’ont probablement pas les fondamentaux et qu’il ne s’agit donc pas de les former sur des contenus qui bougent mais des concepts bien ancrés dans le temps qui ont une durée de vie notable. Vous voulez donc dire que l’on peut se former sur apprendre à planter des clous pour apprendre à planter des arbres plus tard en entreprise ? Hum, pas sur que ça marche.
Ce problème est bien difficile à résoudre donc il est inutile d’enfoncer le couteau dans la plaie. Mais la grosse question soulevée ici est surtout la forme d’irrespect pour ceux qui sont en poste et qui vont utiliser leur CPF pour se former sur un contenu désuet. Quel intérêt cela apportera-t-il à leur employeur en cours ?
Découvrez comment rendre ses formations certifiantes ou qualifiantes
Des consultants formateurs qui ont toujours existé mais n’ont jamais étés officialisés
Pour répondre aux formations non diplômantes et non certifiantes, bref les Non CPF, il y a donc les formations pour le développement des compétences des entreprises. Ce sont des formations « à la pointe » sur des sujets « modernes » mis à jours par des formateurs « à la page ». Si ils ne le sont pas, ils vont rapidement se le faire reprocher par leur apprenants.
En bref, les organismes de formation sont très exigeants vis à vis de ces formateurs qui ne sont que très rarement enregistrés comme organismes de formation. Or il est illégal pour un organisme de formation de sous traiter à une entité qui n’est pas un organisme de formation.
Pourtant il est étrange de constater que ce problème est plus ou moins considéré en tant que tel par les organismes de formations et les autorités de contrôle selon les régions.
Or il est fréquent qu’un formateur ne soit pas autorisé à obtenir un numéro d’organisme car travaillant uniquement en sous traitance.
De plus vu qu’il devra désormais suivre un protocole qualité rapproché d’une certification à défaut d’un Datadock oublié, il est clair que c’est une véritable charge pour lui d’endosser ou de conserver l’endossement d’une telle responsabilité.
Des certifications d’organismes qui reposent sur des formateurs non certifiés
Autrement dit, à cet instant rien n’est prévu pour solutionner la question du formateur qui est pourtant la force vive de toute notre histoire.
L’organisme de formation certifie ses processus mais se base sur des formateurs non certifiés qui refuseront de l’être vu les conditions financières et la lourdeur implicite.
Alors que vont devenir ces organismes de formation qui ne pourront plus sous traiter ?
Que vont devenir ces formateurs qui ne veulent pas rentrer dans ce moule mais qui disposent bien d’une expertise ?
Les formations de développement des compétences sont elles toutes dédiées à se transformer en conseil ?
Ou plutôt, devons nous nous attendre à un Datadock 2 ou un statut « d’Auto-Formateur » en faveur des organismes de formation et formateurs à Chiffre d’Affaires inférieurs à 90K€ (souvenir de la création d’Auto-entrepreneur) ?
C’est en tout cas ce que l’état a mis en place à l’époque pour sauver le marché de l’emploi et de la formation en son temps…Et c’est d’ailleurs comme cela qu’est né Datadock…
En Bref est ce qu’on nous raconterait pas un peu des salades avec cette obligation de nous certifier ?